Circuit de la Croix de la Pimorais (10km environ)

Départ du parking de l’église

(1) la Croix du Vieux Cimetière, puis direction Vildé Bidon sur votre gauche, à l’entrée surmontant les piliers du portail de l’ancien presbytère : têtes sculptées de prêtres ? Au niveau du parking de la salle polyvalente, au fond un ancien four à pain. Direction Foligné par la rue des Plumetières première route à droite en quittant le parking ( 1km environ)

(2) Croix de Laune, traverser ce hameau et à droite, direction la Ville Julienne, poursuivre jusqu’à l’intersection de la route Rol Landrieux Lillemer( environ 1 km), à gauche,

(3) La Croix Daveux, continuer vers Lillemer, traverser le village du Grand Chemin, à la sortie sur la droite

(4) La Croix de Jubilé ( famille Alix), plus loin sur la gauche

(5) La Croix de la Pimorais. Vous pouvez aller jusqu’au hameau du Petit Mongu et observer le mascaron (tête sculptée) sur la façade d’une des maisons. Revenir sur vos pas toujours en direction de Lillemer, après la ferme du Grand Rocher, à droite prendre le chemin de Bruyère jusqu’au cordon de Langas, remonter vers le hameau du même nom (emplacement d’une vieille Chapelle et du tombeau de Saint Caradeuc dont le vestige du sarcophage sont conservés dans l’église. Sur la gauche, rentrer par les lieux dits de La Tresse, Plainfossé et à la Croix Daveux. Avant le pont de l’échangeur, à gauche,

(6) La Croix de La Motte, passer sous le pont direction l’église.

Circuit au format PDF

Circuit de la Croix du Vieux Cimetière (8km environ)

Départ du parking de l’église

(1) Croix du Vieux Cimetière et monuments funéraires, vestiges du tombeau de Saint Caradeuc visible à l’intérieur de l’église. Passer devant la mairie, à l’intersection

(2) Croix du Prieuré et socle monumental amputé de ses trois croix. A gauche, au niveau du cimetière panorama sur le Marais de Dol et le Mont Dol. Prendre la 2ième route à gauche, (petit détour au Manoir de la Grande Mettrie à gauche).sur la droite, prendre la petite route par la Cohuellerie, rejoindre le D8 et remonter vers la gauche

(3) Croix de la Fontaine, continuer vers la route de Dol-Dinan. A l’intersection, route de Baguer,

(4) Croix du Bois Coq. Maintenir la direction Dol-Dinan, après le village de la Haie, à la hauteur du passage à niveau,

(5) Croix de la Halte, continuer vers Vildé Bidon, avant l’entrée du village, sur la gauche,

(6) Croix du Gage Cleuz. Au bas de ce village, route à droite, dans l’angle

(7) Petite Croix provenant de l’ancien cimetière de cette paroisse, aujourd’hui disparue. Par la route des Aulnaies , rejoindre la route Dol –Dinan. Découvrir à gauche, l’Oratoire de Notre Dame de Bon secours. Remonter vers Dol, 1ère route à droite, passer la ligne de chemin de fer. A hauteur du chemin de la Rochelle, dans l’angle

(8) Croix rouge, souvenir des Templiers. Revenir sur vos pas, direction Dol, au niveau de la Croix du Gage, rejoindre le Bourg. Sur le parcours à droite

(9) La Croix Samson. Au fond du parking de la salle polyvalente, découvrir l’ancien four à pain, à l’entrée, le four à pain, sur les piliers du portail de l’ancien presbytère et face au bourg, observer des têtes sculptées représentant probablement celles de prêtres.

Circuit au format PDF

Registre Paroissial de Roz-Landrieux

Ancien registre de baptêmes de Roz-Landrieux
1451-1520

Instauré au milieu du quinzième siècle, ce document spécifique, propre à la paroisse de Roz-Landrieux, est considéré aujourd’hui comme étant l’un des plus anciens conservé de France, en tant que tel. Si la Commune de Givry (Saône-et-Loire) peut revendiquer un document antérieur au notre, il faut préciser que ce dernier, tient plus du livre de compte car sont répertoriées là, diverses informations comptables auxquels viennent s’ajouter les baptêmes.

Donc, pour ce qui nous concerne, la malheureuse intervention d’une servante du presbytère, qui crut bon d’en prélever quelques pages, afin d’en recouvrir ses bocaux de confiture, fait que le premier acte que nous découvrons date de 1451. « Johanna radulphi, filia Juliani et Ysabilie Mahé, uxoris dicti Juliani, baptisata fuit XXVII die mensis novembris. Nominantique eam principaliter super fontes Johannes Radulphi cum Beatria Radulphi et Olivia Orri, anno prédicto. » Un certain abbé Audren, supposé vicaire des lieux, paraphe le texte.

En réalité tout porte à croire que les premiers enregistrements concernent l’année 1446. C’est effectivement à partir de là que l’évêque de Dol, Monseigneur Raoul de la Moussaye, ordonna aux clercs de son diocèse, la transcription des actes de baptêmes. Ces renseignements devaient être consignés « dans un livre de papier ou de parchemin fourni par la fabrique, cousu et relié avec soin, mis en lieu sûr, avec indication de date, nom, surnom, le patronyme du parrain et de la marraine, le jour et l ‘année de la cérémonie. »

Rédigée en latin, une formule similaire à chaque acte, permet de mieux déchiffrer son contenu. Altemant français et latin pour les noms de famille, ces derniers sont facilement identifiables et traduisibles. Actuellement, quelques-uns de ces patronymes se retrouvent encore bien présents sur notre territoire communal.

Suivant le soin apporté, le style d’écriture et le degré d’instruction des différents rédacteurs qui se succédèrent, ce document original restitue autant que faire se peut, l’enregistrement des enfants baptisés.

Nos scribes furent-ils toujours très rigoureux dans l’élaboration de leur travail? D’une année à l’autre, on constate une grande disparité quant au nombre d’enfants présentés sur les fonds baptismaux. Face à ces constatations, il n’est pas interdit de penser qu’en ces périodes moyenâgeuses, épidémies, famines, déplacement de villageois et troubles divers, sont venus affecter de manière durable, la population locale. Pour information, 34 baptêmes furent célébrés en 1453, 10 en 1462, 8 en 1463 ; à nouveau 10 en 1472. En cette première année du XVI°siècle, on renoue avec la prospérité – 31 petits rozéens et rozéennes sont répertoriés.

De manière assez originale, agissant avec les moyens du bord, à une certaine époque, on a remplacé la couverture initiale de notre registre par un authentique parchemin sur lequel est retranscrit une bulle pontificale datant de 1435. Au travers de ce document, Jean Walling, chapelain pontifical, auditeur des causes du sacré palais, député par sa sainteté le pape Eugène IV, s’adresse aux autorités religieuses du diocèse de Dol. Rédigés en latin, ces écrits sont difficilement compréhensibles par les non initiés.

En 1920, Henri Bourde de la Rogerie, archiviste en chef de notre département, lors d’une Visite en mairie, ne manqua pas de signaler à la municipalité la Valeur historique de notre registre de baptêmes. Ceci explique très probablement le fait que quelque temps plus tard, ce document ait été mis en dépôt aux archives à Rennes.

Vestiges du tombeau de Saint Caradeuc

Contemporain et disciple de Saint Samson, le fondateur de l’évêché de Dol au VI° siècle, Saint Caradeuc aurait émis le vœu d’être enseveli dans notre paroisse après son trépas. Contrairement à ce qu’on a pu lire à se sujet, ce n’est certainement pas Roz-Landrieux qu’il avait dû mentionner (la fusion de ces deux paroisses n’ayant eu lieu qu’au XI° siècle), mais bien plutôt celle de Landrieux.
De notre Caradeuc local, le dictionnaire des Saints bretons qui en répertorie plus de sept cents, l’ignore totalement. Il est vrai que suivant la paroisse, la ville ou le village, un même personnage peut être rebaptisé sous un vocable différent.
Caradec, Carantec, Caradoc, Caradeuc possèdent tous la même étymologie « kar » qui veut dire ami. On les honore en Bretagne.
Dans notre vieille province, folklore et légendes se sont toujours inspirés de faits sensationnels, dramatiques et hautement religieux. Avérés ou fabriqués pour la circonstance, il n’est pas rare de trouver, même dans la plus insignifiante des paroisses bretonnes, le saint du terroir, aux multiples pouvoirs surnaturels.
Notre Saint Caradeuc venant à mourir, on déposa sa dépouille dans un sarcophage gallo-romain, réemployé pour l’occasion. Ce tombeau trouva place au bord de la mer. En exécution de son vœu, le cercueil de pierre fut soulevé par la marée, et voguant sur les eaux, vint s’échouer au hameau de Langas.
On imagine la cohorte de fidèles criant au miracle et s’inclinant devant les restes sacrés. Bientôt lieu de pèlerinage, on éleva une chapelle au pied du tombeau. Là, on célébrait les offices ; on affirme même y avoir découvert par la suite de nombreux squelettes humains.
Aujourd’hui, rien ne subsiste de cette chapelle. On dit que la Révolution en serait la cause. Les cendres du saint dispersées aux quatre vents, le tombeau qui n’avait plus sa raison d’être fut brisé.
Le couvercle épargné de la destruction aura servi longtemps d’abreuvoir à bestiaux. Placé auprès du puits qui existe toujours, il avait trouvé là, un usage profane, l’éloignant à tout jamais de sa fonction initiale.
Ayant subit malencontreusement des dégâts, pour l’heure, les morceaux furent plus ou moins enfouis dans le talus surplombant la petite route qui descend vers la Bruyère.
Un demi-siècle plus tard, en 2015, une partie de ces vestiges a intégré l’intérieur de notre église. Conservés, ces morceaux de granit, nous remettent en mémoire l’histoire de notre saint local et nous ramène à l’époque de la fondation du vieil évêché de Dol en Bretagne.

Croix et calvaires de Roz-Landrieux

De par leur originalité et leurs nombreuses implantations sur le sol rozéeen, nos croix et calvaires constituent un patrimoine religieux remarquable, permettant ainsi à Roz-landrieux d’être considéré à juste titre, comme étant la commune de Haute-Bretagne, la mieux pourvue dans ce genre de monuments. Celles et ceux-là qui les firent ériger au XVI et XVII° siècle, étaient seigneurs, prêtres ou encore de généreux paroissiens. Défiant les âges, ces monuments façonnés dans le granit, témoignent à leur manière de l’histoire de toutes celles et ceux-là qui nous ont devancé et marqué la vie locale de leurs empreintes.

Calvaire du vieux cimetière – Piéta de Beaufort – Calvaire du Bois au Coq

Inscrit à l’inventaire des monuments historiques (2 mars 1912), ce beau calvaire au socle armorié, est érigé au pied de notre église, dans l’ancien enclos mortuaire. Il témoigne des droits de fondation et de prééminence que revendiquaient et parfois se disputaient les seigneurs de la Chesnaye au Bouteiller et ceux de la Mettrie du Han.
Alliées, ces deux familles firent sculpter leurs armes sur chacune des quatre faces du socle. Ainsi, on trouve là, les deux épées en sautoir, la bande fuselée, le lion morné, les hermines et les pots. De par la position des différents motifs qui ornent les blasons, dextre ou senestre, on saura identifier une union masculine ou féminine.
Le fût ou la croix proprement dite a été tronquée à sa base (les tasseaux qui supportent les pieds du Christ et de la Vierge affleurent le sommet du socle. On ne saurait dire les raisons d’une telle amputation (accident ou acte révolutionnaire) ? Les saints personnages sont représentés de manière assez frusques. Ce monument atteint 2,10m de hauteur.
Jusqu’en 1880 environ, un autre monument ayant de fortes similitudes avec celui décrit ci-dessus, était vénéré par les paroissiens. Il était implanté dans le même périmètre.
Aujourd’hui plus connue sous le nom de Piéta de Beaufort, on dit qu’il fut offert par un recteur de la paroisse au comte Gustave-Marie Gouyon, résidant avec sa famille au château de Beaufort, en Plerguer. Bien des incohérences entachent cet abandon. On parle de bois fourni pour la réfection de la charpente de notre église ; de bois utilisé pour la construction de notre clocher (1879-1880). Tout ceci reste assez vague et jette le discrédit sur la validité d’un acte qui de toute évidence, aurait dû être dénoncé en son temps.
Placé bien en évidence à l’entrée du monastère de Beaufort, on remarquera sur ce monument l’absence du socle armorié ; un simple support de base cylindrique porte la croix. Là aussi, sans en connaître les raisons exactes, cette dernière à été sectionnée à sa base.
A défaut de documents officiels et concernant « cette donation ou arrangement », on peut penser à un démembrement du calvaire – la croix pour Beaufort – le socle armorié demeurant propriété de la paroisse. Pour étayer cette hypothèse, référons nous au Calvaire du Bois au Coq (implantation – ancienne N 176, Dol – Dinan, intersection avec la route de Baguer-Morvan). L’ensemble du monument présente une véritable incohérence. La croix en elle même est moderne et d’une grande simplicité. En granit bleu, de section carrée, elle ne présente ni ornement, ni personnage. Il en va tout autrement pour le socle. Agrémentant ses quatre faces, les blasons des Du Han et des Le Bouteiller figurent en bonne place. Il a une forte ressemblance avec le calvaire du Vieux Cimetière. Ils peuvent provenir du même sculpteur.

La Croix Daveux

« Le quinzième juillet mil six cent vingt et deux, en l’église de Roz-Landrieux, Jean d’Aveu et Guillemette Paumier, fille d’Etienne et Jeanne Péan s’espousèrent en premières nopces, les bancs dûment faict au préalable, en présence de Thomas d’Aveu, Jean Delorme et autres et les promesses des présents reçues par moy soussigné recteur du dict lieu, jour et an que dessus. » – P. Dernnecourt (Philibert). Registres paroissiaux de Roz-Landrieux. Texte original.
28 années plus tard, en 1650, ce couple de paroissiens faisait ériger un magnifique calvaire, où leurs noms figurent clairement sur le socle. Ce monument se situe entre le bourg et l’entrée des villages de Landrieux et du Grand Chemin, à l’intersection de la route qui descend vers la Bruyère.
De nombreux symboles agrémentent l’ensemble du calvaire -monogramme du Christ, tête de mort sous les pieds du crucifié, nombreux cabochons parsemant la croix. Tous ces motifs ont une réelle signification religieuse et profane.
La tradition populaire voit au travers de la représentation des deux personnages en croix, d’une part Jean D’Aveu, à l’arrière, Guillemette Paumier, son épouse. Cela n’est pas impossible du fait que l’inscription INRI ne figure pas. De même point de couronne d’épines, mais un simple bandeau. Il en va ainsi pour la femme. Des traits dépouillés, un bandeau en guise de voile. Quant aux cabochons, ils symboliseraient des bubons, espèces de gros furoncles occasionnés par une grave maladie moyenâgeuse – l’adénite. La présence de ce calvaire pourrait s’expliquer par l’obtention d’une guérison – la concrétisation d’un vœu.

La Croix de la Pimorais (1620)

Après avoir traversé le village du Grand Chemin, en direction de Lillemer, la croix de la Pimorais s’adosse à un talus, à l’intersection de la route qui conduit au hameau du Petit-Montgu. C’est probablement un prêtre qui l’aurait faite ériger en 1620. L’inscription et la date gravés sur le socle mi : hardouin abonde en ce sens. Nous retrouvons la signature d’un Ra. Hardouin sur les actes religieux établis entre 1590 à 1638. Ce personnage était désigné sous l’appellation de subcuré de Roz-Landrieux. S’agit-il de notre prêtre ?
Comme à la croix Daveux, le supplicié ne présente ni couronne d’épines, ni ceinture, mais de simples bandeaux. La Vierge a fait l’objet de plus d’attention de la part du sculpteur. Sa tête est ornée d’une couronne à trois fleurons, un voile retombe sur ses épaules, des plis apparaissent sur sa robe, Sur son bras gauche, repose l’enfant Jésus. Un détail interpelle le visiteur ; cet enfant présente deux longues jambes informes.
Là encore, on peut interpréter cette représentation différemment. Il pourrait s’agir tout simplement d’un enfant malade, d’où la présence de cette croix, érigée après une guérison.
Malmenée par un engin de terrassement lors de la réfection de la route qui conduit au hameau (il y a plusieurs décennies de cela), la croix fut jetée à terre. Dans la précipitation et lors de la remise en place, les ouvriers l’ont tout simplement inversée de sens. Aujourd’hui donc, les personnages n’occupent plus leur position initiale.
Une légende locale se rapporte à cette croix. Un trésor est enfoui à proximité ce celle-ci. Il faut choisir une nuit de pleine lune et attendre que minuit soit sonné au clocher de l’église. L’ombre de la croix balayant le sol, matérialise l’emplacement dudit trésor.
Enfin, pour compléter l’inventaire de nos monuments, à titre indicatif, nous pouvons encore citer, la croix du Gage (seigneurs du Gage-Cleuz), la croix Rouge, à Vildé-Bidon (en souvenir des templiers), la croix de la Fontaine (souvenir de mission), croix de la Halte, de Vildé-Bidon, croix Samson, croix de la Rochelle (récupérées par les familles lors de la suppression du cimetière autour de l’église), croix de jubilé au Grand-Montgu et croix de la Motte.

Croix classée de l’ancien cimetière

C’est la plus ancienne, elle date du 16ème siècle, classée le 2 mars 1912 par les beaux-arts. Christ crucifié vers le bourg et vierge face à l’église, sculptée des armes des Du Han et Le Bouteiller (Du Han : propriétaire de La Mettrie au 14ème siècle) (Du Bouteiller propriétaires de La Chesnais). Elle se trouvait au pied de l’église comme marque de droit de fondation et de prééminence que se disputaient les Du Han et Du Bouteiller.

Autrefois, lors de la procession des Rameaux, les fidèles embrassaient la croix.

Les Croix du Prieuré

Dans le bourg, à l’est de l’église, le calvaire du Prieuré se trouve implanté entre deux routes. Il doit son appellation à un ancien prieuré, qui se situait à quelques centaines de mètres de là. Son socle armorié, au travers des blasons représentés, fait référence une nouvelle fois aux seigneurs du Han de la Mettrie et familles alliées. Atteignant les cinq mètres, il est le plus haut de l’ensemble de nos monuments. Le fût sans personnage est parsemé d’étoiles. Les bras de cette croix ne sont pas proportionnels à sa longueur. A droite et au pied du socle, la partie haute d’une petite croix avec la reproduction du Christ et la Vierge a été entreposée là. On n’en connaît pas la provenance.

De toute évidence, en tenant compte de l’impressionnant socle abandonné au bord d’un talus (à côté du calvaire du Prieuré), on peut imaginer la beauté et l’originalité d’un tel monument. Malheureusement, les trois croix surplombant le socle ont été décapitées et à ce jour, n’ont jamais été retrouvées. Toujours aux armes des du Han et alliés, ce monument vient enrichir le patrimoine religieux transmis par ces nobles familles. Vandalisme, actes révolutionnaires ou autres accidents sont -ils imputables à cette malheureuse mutilation ?

Croix de Laune ou de Foligné (1586)

A 1500 mètres du bourg, au bord de la route qui rejoint la commune voisine de Plerguer, se trouve la croix de Laune. Sur son socle, on découvre l’inscription suivante 1586 MI6I- DE LAVNE. (Missi de Laune), en vieux français, missi veut dire prêtre. Il s’agirait donc d’un certain abbé de Laune, qui serait à l’origine de l’érection de cette croix. N’ayant trouvé aucune trace d’un rectorat dans la paroisse, on suppose qu’il serait originaire des lieux, où il serait venu terminer sa vie. La croix ne présente aucune particularité. Non loin de là, sur le linteau de porte d’une vieille chaumière, aujourd’hui disparue, était gravé G. de Laune 1587. S’agissait-il du même personnage ?

L’abbé Charles Saint Pez

Charles Saint Pez, est né à la Champagne de l’Angle, dans la paroisse de Roz-Landrieux, le 19 juin 1749. Issu du monde paysan, avec ses nombreux frères et sœurs, ce jeune garçon connaît l’existence des petits ruraux d’alors. L’année de ses dix ans, la fratrie est confrontée à un bien grand malheur – le décès du père. Ce dernier sera inhumé à l’intérieur de l’église du village.

Passent le temps et les années dans un climat qui pour l’heure ne confine guère à l’euphorie. Charles est le témoin de toutes sortes d’ injustices et de difficultés que connaissent les plus pauvres. Conscient de la situation et éduqué dans une famille pieuse, il va consacrer sa vie en se se mettant au service des autres. Il sera prêtre.

Ayant fait ses études au séminaire de Dol, c’est à la cathédrale de Saint-Malo qu’il reçoit l’ordination en avril 1775. Miniac, Lillemer et le Vivier bénéficient tour à tour des compétences de ce nouveau pasteur qui ne laisse pas indifférent les fidèles qui le côtoient. Il prêche retraites et missions. Dans toutes ces paroisses, son ministère édifie grandement les populations.

Reconnaissant les capacités et le charisme de l’abbé Saint Pez, son évêque ,Monseigneur de Hercé ne tarde pas à lui proposer le bénéfice de la grosse paroisse rurale de Saint Coulomb. Avec l’humilité qui le caractérise, et bien que ne voulant en aucun cas froisser son supérieur, Charles suggère qu’on l’envoie plutôt « au fond des terres, bien loin des villes ». Son vœu est exaucé : il est nommé recteur à Aucaleuc.

Là encore, son zèle ne se dément pas. Il conquière rapidement le cœur de ses paroissiens et ceux des environs . Son enseignement attire les jeunes. Il rend les ménages vertueux et unis. C’est un apôtre, un rassembleur, un missionnaire au vrai sens du terme.

Au cours de ces dernières années, la situation économique en France s’est fortement dégradée. Misères, injustices, corvées, taxes et impôts de toutes sortes, sont autant de souffrances difficilement supportables pour les plus démunis. Aussi, ne doit-il être trop surpris d’apprendre en ce milieu du mois de juillet 1789, que le peuple vient de se révolter. Au fil des jours, la situation deviendra de plus en plus explosive. A cette époque, qui pouvait présager de l’avenir ?

Dans un premier temps, si ce prêtre est favorable aux mesures mises en place (abolition des privilèges, suppression des corvées, etc…), il en sera tout autre lorsque l’on s’attaquera à la religion.

Refusant cette nationalisation avec toutes les conséquences qu’elle implique, comme tant de ses semblables, il refusera et persistera à ne jamais signer la constitution civile du clergé. Dès lors, indésirable sur le sol national, il devra s’exiler loin de sa Bretagne natale. Cependant il y demeurera le plus longtemps possible, jusqu’au moment ou sa présence l’exposera au plus haut châtiment.

Débarqué à Jersey, il retrouve là de nombreuses connaissances, des prêtres amis et son ancien évêque. Au bout d’un mois, ne pouvant supporter cet exil forcé plus longtemps, il implore le prélat de le laisser rentrer au pays. Mis en garde quant aux risques encourus , n’écoutant que son courage, il ne tarde pas à refaire le chemin en sens inverse. En compagnie de quelques religieux, notamment de l’ex-recteur de Vildé-Bidon, la petite embarcation sur laquelle il a pris place, s’échoue dans une anse de Saint-Coulomb. Momentanément le meunier du coin donne asile aux proscrits.

Au péril de sa vie, le prêtre réfractaire reprend son ministère dès que possible. Habillé en simple villageois, il se porte au devant de toutes celles et ceux-là qui réclament l’aide de la religion. Messes clandestines dans les granges, sacrements dispensés ici et là, il parcourt la contrée le plus souvent de nuit. Pendant près de seize mois il en sera ainsi. Des bords de Rance, jusqu’à l’intérieur de nos villages, il n’aura pas ménagé sa peine.

Bafouées journellement, les autorités en place n’ont de cesse de l’arrêter. Aussi, on le recherche avec insistance, car il rassemble autour de sa personne quantité de gens hostiles à cette République que l’on a bien du mal à imposer.
Ce ministère clandestin prendra fin au soir du 24 avril 1794 près du cimetière de Carfantin.
Tandis qu’il allait administrer un malade vers Baguer-Pican, l’abbé Saint Pez est encerclé par des gardes nationaux. Conduit sous bonne escorte devant les membres du directoire à Dol, à l’instant même, il ne doit plus se faire guère d’illusions sur le sort qui l’attend.

On imagine le triomphe de cette assemblée. Elle tient sous sa coupe cet individu qui l’a tant contrarié dans l’affermissement de cette République qui doit triompher de l’obscurantisme. Après un semblant de procès rondement mené (le prévenu ne dispose d’aucun défenseur), la peine capitale est prononcée à son encontre.

Spectacle grandiose et rarissime pour cette petite ville de province. Après l’avoir déchue de son titre d’évêché, on va la débarrasser d’un de ces maudits et dangereux fanatiques. Pour mener à bien cette exécution on va dresser la guillotine dans ses murs. On espère que cette mise à mort va attirer et épouvanter ses trop nombreux partisans et les faire fuir le plus loin possible. Rumeur ou non ? Après coup, il semblerait qu’à l’annonce de cette sentence, les chouans de la région viendraient délivrer le condamné.

Afin de déjouer cette manœuvre, on trouve plus prudent de transférer le prisonnier vers les geôles de Port-Malo. La-bas, il retrouve des membres de sa famille, son neveu Joseph Delamaire et son épouse Marie Lepoitevin, de fa ferme de Sévin en Plerguer, qui ont été dénoncés comme étant de très mauvais patriotes. Une de leur jeune parente est incarcérée là elle aussi (elle y mourra de frayeur).

L’abbé Saint Pez est présenté à une commission qui à quelques détails près lui fait le même procès qu’à Dol. Au terme de cette comparution, la peine capitale est une nouvelle fois prononcée. Dès lors, le malheureux prêtre allait connaître un martyre rarement égalé en terme de cruauté.

En ce triste matin du 14 mai 1794, l’abbé Saint Pez marchait courageusement vers l’ex place Saint Thomas, où était dressé l’échafaud. Les témoins de la scène décrivent une personne sereine, le visage ensanglanté, dont l’esprit semble déjà voguer vers le ciel.

Malmené, recevant de grands coups de genoux, le bourreau le liait avec violence. Face à cette souffrance, les dernières paroles du supplicié furent « Vive Jésus, vive Marie, vive le Roi ».

Soit par violence ou raffinement de perversité, le bourreau devra manoeuvrer à trois reprises pour achever sa funeste besogne. Une première fois, le couperet n’entailla qu’une partie du visage. Au second coup, il ne coupa qu’une partie de la tête. Ce n’est qu’à la troisième tentative, sous les regards horrifiés de la foule déchaînée, que la décapitation eut lieu. Afin de calmer les esprits, et pour son incompétence, ce sinistre personnage, fut condamné à quelques jours d’emprisonnement.

Une personne courageuse ayant assisté à l’ensevelissement du corps dans le sable, s’en fut à la faveur de la nuit suivante récupérer la tête sanguinolente et la confier à Marie Saint Pez et Bertrand Delamaire à Vildé-Bidon ( sœur et beau-frère du martyr).

Bien des années plus tard, afin de marquer les esprits, une complainte fut consacrée à cette mort sinistre. Je ne saurait dire qui en est l’auteur! Quant à la mélodie on l’a empruntée à un cantique que les paroissiens d’alors chantaient dans les églises.

Charles Saint Pez n’ayant pu être béatifié (travaux suspendus à cause de la déclaration de guerre en 1939 et jamais repris), antérieurement à cela, en 1834, nos paroissiens avaient tenu à lui élever sa statue en bois polychrome dans le chœur de l’église. Trônant au dessus de la porte de la sacristie, elle est toujours là.

Les Rozéens ayant été un peu vite en besogne (bien que lui ayant attribué des miracles, notre martyr n’étant connu que localement), l’évêque de Rennes n’apprécia pas du tout ce genre d’initiative. Nos ancêtres ayant rogné sur leurs économies pour ériger cette statue, il était impensable pour eux de s’en débarrasser de la sorte. Aussi, bons princes, acceptèrent-ils de la faire repeindre et de l’attribuer comme on leur l’avait suggéré à Charles Borromée. Probablement fallut-il leur expliquer avec forces détails qui était cet intrus, ce cardinal italien de substitution.

Quoi qu’il en soit, pour nous autres, c’est bien la personne du martyr Charles Saint Pez, illustre enfant de la paroisse, que nous continuons d’honorer à Roz- Landrieux.

Plainfossé, novembre 2015

Louis Moraux

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